Pendant 13 ans, la France s’est honorée en Afghanistan en luttant contre le terrorisme et la barbarie islamistes.

70 000 de nos soldats y ont été engagés. 89 y ont perdu la vie et 700 y ont été blessés. Ils méritent notre totale et fidèle reconnaissance.

Depuis 48 heures, comme beaucoup d’entre vous, je regarde défiler sous nos yeux les images de la reconquête du pouvoir par les Talibans et des atrocités qui l’accompagne.

Une reconquête sans résistance. Un président qui fuit son propre pays. 20 ans de guerre et de présence internationale dont il faut affronter avec lucidité l’échec dans la capacité à former sur place les leviers d’un Etat fort, souverain et militairement en situation de contenir le terrorisme.

Je lis avec dégoût que certains s’interrogent sur les intentions des Talibans, comme si elles n’étaient pas connues. Les Talibans n’ont pas changé depuis 2001, la Charia n’a pas changé depuis 2001. Et il n’existe pas de « Charia Light ou soft » !

Les femmes et les filles en sont et seront les premières victimes. Celles qui avaient eu accès à l’éducation et l’émancipation doivent aujourd’hui à nouveau se cacher derrière des tissus qui les privent de toute identité. Que cela fasse enfin réfléchir ceux qui ici prétendent défendre la liberté des femmes en soutenant le port du Hijab !

Que cela fasse aussi réfléchir ceux qui osent dire que notre pays deviendrait une dictature parce que pour boire un verre au restaurant, on s’assure que chacun n’est pas porteur d’un virus qui pourrait tuer ou produire des séquelles parfois irréparables. Ces comparaisons sont indignes et dangereuses.

La France n’est en rien passive devant le tragique et l’urgence de la situation. Notre Ambassadeur, mon ami David Martinon, est sur place depuis l’aéroport avec nos équipes diplomatiques. Notre première urgence était de sécuriser la vie de nos compatriotes sur place mais aussi de ceux qui ont travaillé et servi la France. Il est de notre responsabilité de les évacuer et de notre honneur de les accueillir.

Notre responsabilité, c’est aussi de coordonner avec nos alliés les prochaines évacuations de ceux qui relèvent du droit d’asile. Le droit d’asile, c’est cet équilibre fragile et nécessaire entre ceux qui voudraient un accueil inconditionnel de tous au risque de mettre en danger notre souveraineté et nos concitoyens et ceux qui sont déjà pétrifiés par une prétendue vague migratoire comme si l’accueil d’universitaires, d’artistes, de féministes, d’activistes des droits de l’homme remettait en cause notre unité et notre pacte social.

C’est cet équilibre que nous défendons et que le président de la République a rappelé hier. La France est sans doute le pays le plus actif pour sauver ceux qui sont en danger imminent.

La sidération, l’effroi, la colère et la douleur que suscitent les atrocités perpétrées par les Talibans, celles des exodes, des tentatives désespérées de s’accrocher à un avion, des rapts de fillettes qui seront mariées de force, appellent à notre action résolue, déterminée, cohérente, responsable et humaine.

La lutte des démocraties contre les obscurantismes, les totalitarismes et le terrorisme islamiste n’a pas commencé avec le 11 septembre 2001 et elle se poursuivra après le 15 août 2021.

C’est ce à quoi la France s’engage. Elle doit être et sera à la hauteur de son histoire.