L’appel du 18 juin 1940 porte en lui une espérance invincible en la France qui exhorte notre nation à la résilience, à l’indépendance et au rassemblement.

Ces dernières semaines ont vu se multiplier des appels funestes à effacer de nos rues des noms qui ont concouru à faire ce qu’est notre nation. Les mêmes ont appelé à déboulonner des statues. Aujourd’hui Colbert est devenu celui qu’il faut abattre, comme le symbole de l’oubli de toute complexité, et la simplicité de ceux qui veulent juger le passé avec les lunettes du présent. Notre histoire est un tout, « un bloc » et c’est la regarder en face qui est indispensable pour savoir qui nous sommes et faire ensemble Nation.

L’appel du 18 juin du Général de Gaulle porte en lui des ressources actuelles dont il nous faut nous emparer. Il n’est pas une relique mais la démonstration de notre capacité à faire le choix de la résistance contre la fatalité.

En refusant le choix funeste et déshonorant de l’armistice, l’appel du Général de Gaulle est un refus patriotique qui incarne l’esprit de résistance et de résilience de la France. Il enjoint à la solidité physique et morale du peuple français et à la poursuite du combat.

Cet esprit de conquête est le même qui doit souffler en nous alors même que notre pays va éprouver une crise économique et sociale d’une ampleur sans précédent.

Cet esprit de conquête se double d’une volonté farouche de réconciliation.

La France mérite mieux que tous les séparatismes belliqueux et les communautarismes délétères. Notre République ne reconnaît aucune autre communauté que la communauté nationale. La France ne peut se résoudre ni au repli communautaire, ni à la séparation identitaire, ni à l’enfermement dans un nationalisme étroit et triste qui appelle à la haine et à l’éclatement de la communauté nationale. Ne laissons pas le champ libre à ces apôtres de la division et de la haine.

La République doit inspirer respect, reconnaissance et enthousiasme. Elle mérite un patriotisme généreux et rassembleur, autour des valeurs qui font la grandeur de son Histoire.

Au prix des sacrifices terribles de cette armée d’ombres héroïques s’est faite, comme l’écrit Joseph Kessel, « la plus belle guerre du peuple français ». Seul comptait alors l’amour de la France et l’engagement inébranlable pour la libération de la communauté nationale.

L’élan de solidarité qui s’est manifesté dès les premières heures du confinement et l’engagement de nos soignants comme de milliers d’autres Français en faveur du collectif font l’honneur de notre pays. Cette première ligne nous a permis de tenir : la réconciliation passera aussi par le fait de ne rien oublier de ces moments épiques et douloureux. Le président de la République l’a dit clairement hier : il y a eu des failles, il faut les regarder en face.

Il y a aussi eu des fractures qui se sont révélées et renforcées au cœur de nos territoires et de nos villes.

L’éducation et la culture sont les leviers essentiels de cette cohésion nationale et territoriale vers laquelle nous devons tendre. La culture doit être au cœur de ce projet de rassemblement de notre communauté nationale et de la réaffirmation de l’esprit de la République.

Rassemblé, notre pays saura retrouver sa fierté ; réaffirmée, la République sera plus généreuse; transformée, enfin, la France pourra affronter les défis de l’après crise avec force. La crise nous impose d’avancer non pas en solitaire mais de manière solidaire.

Notre territoire saura s’inspirer de son histoire pour répondre à ces enjeux majeurs. Le 23 août 1944, de Gaulle et Leclerc se rencontrèrent au Château de Rambouillet. Le lendemain, la 2ème division blindée se mettait en marche pour libérer Paris. Le 25, le Général quittait Rambouillet pour la capitale libérée. Ce jour-là, lors de la descente des Champs-Élysées, les Parisiens mettaient enfin un visage sur la voix du 18 juin, sur la voix de la France. A nous de nous montrer à la hauteur de cet héritage et de le renouveler.