Protéger tous les Français. C’est la seule boussole qui doit guider notre action en tant qu’élus. La protection, la sécurité, c’est ce que nous devons aux Français. Cette détermination, cette exigence, nous devrions tous la porter, tous la partager, tous l’assumer.

Au moment même où notre pays est frappé par un nouvel attentat à Nice, alors que nous rendrons hommage lundi dans nos écoles à Samuel Paty et à tous les enseignants qui doivent pouvoir librement enseigner et guider nos enfants vers la voie de l’émancipation, il serait impensable que notre hémicycle se taise. « Nous sommes ici par la volonté du peuple » et nous refusons que notre pays, notre République, notre démocratie cède face aux menaces, aux fanatismes, aux prédicateurs, aux terroristes.

Au moment même où notre pays fait face, comment imaginer que nous ne soyons pas capables de faire œuvre d’unité nationale pour faire face à une crise mondiale, inédite, profonde et durable ?

Oui, nous devrions pouvoir assumer pour la protection des Français les mesures vitales et, disons-le, brutales qui doivent être prises face à la crise sanitaire.

 

Vitales, car c’est la vie des Français dont il s’agit. Quels que soient leurs âges, quels que soient leurs territoires. Personne n’est ou ne sera épargné.

Si nous procrastinons, si nous avons la main qui tremble devant le risque de l’impopularité, alors ce sont nos concitoyens que nous envoyons en première ligne, alors ce sont nos soignants auxquels nous dirons demain : « choisissez ! Choisissez qui est prioritaire, qui peut vivre et qui peut mourir ».

J’entends que certains préfèrent soigner des clientèles électorales plutôt que de se donner les moyens de soigner les Français.

Les mêmes qui ont voté contre l’état d’urgence sanitaire, contre les budgets permettant d’augmenter nos capacités de lits en réanimation, contre la revalorisation des carrières et des rémunérations de nos soignants.

Contre, encore contre, toujours contre !

Nous ne pouvons pas appeler à la responsabilité des Français et faillir devant les nôtres.

Il y a moins de 2 semaines, le Sénat votait la réouverture des bars et des discothèques. Il y a moins d’un mois, des élus nous expliquaient que le virus n’était pas le même à Marseille et à Paris. Le Gorafi semble parfois être devenu la norme d’une partie de la classe politique française. Ce n’est pas drôle, c’est désespérant.

Merci aux faux prophètes qui savent aujourd’hui ce qu’il aurait fallu faire avant-hier, merci aux diseuses de bonne aventure qui ont tout vu et tout su avant les autres, avant les épidémiologistes, avant les scientifiques et avant les soignants, merci à ceux qui ont la chance inouïe d’être emplis de tant de certitudes.

La gestion d’une telle crise sanitaire demande du calme, du sang froid, de l’humilité et une capacité d’adaptation constante.

Elle impose un débat démocratique clair et exigeant.

Au sein de notre majorité, nous ne tremblerons pas.

Parce que nous continuerons à protéger les Français.

 

Si les mesures annoncées sont vitales, nous le savons, elles sont aussi brutales.

Brutales, car si le virus tue, la crise économique fait aussi des victimes. Nous sommes depuis des mois au cœur d’une équation impossible : sauver des vies et sauver notre vie économique.

Qui peut imaginer que l’on prononce de gaieté de cœur la fermeture administrative des salles de spectacle et de cinéma, des bars, des restaurants, des discothèques, des salles de sport, des espaces de loisirs, et de nombre de nos commerces ? Qui peut imaginer que cette décision est prise sur un coin de table ou à la légère ? Elle est prise car elle est aujourd’hui la seule décision responsable.

Je le dis aux chefs d’entreprise, à nos patrons de TPE et PME, à nos artisans et à nos commerçants : vous n’êtes en rien responsables de la crise sanitaire que nous connaissons. Partout, nos entreprises se sont adaptées en un temps record. Elles ont protégé l’emploi de leurs salariés, elles ont participé à l’effort national, elles ont démontré leur solidarité. Elles ont mis en œuvre des protocoles sanitaires exigeants, se sont équipées, se sont adaptées, se sont numérisées. Elles ont continué à prendre des risques et à investir. Je comprends votre désarroi et même votre colère. Vous ne serez pas, vous ne pouvez pas être les victimes collatérales d’une crise que vous n’avez ni provoquée, ni accélérée. Quoi qu’il en coute, oui, l’Etat sera à vos côtés.

La préservation de nos emplois et la sauvegarde de nos entreprises sont un impératif : aucun autre pays au monde, aucun, n’a plus fait pour soutenir ses entreprises et donc ses emplois.

Le fonds de solidarité a été simplifié, renforcé et élargi pour toutes les entreprises sans exception.

Et cette aide sera encore amplifiée pour les entreprises des secteurs de l’hôtellerie, des cafés, de la restauration, de l’événementiel, du sport et de la culture. Et les exonérations de charges, et je parle bien d’exonération et non pas uniquement de reports, ont massivement été renforcées pour ces mêmes entreprises.

Le chômage partiel indemnisé à 100% pour ces secteurs a été prolongé jusqu’à la fin de l’année.

Et nous le savons, trop d’entreprises, de commerçants, de salles de cinéma ou de spectacle ne peuvent plus faire face au paiement des loyers. Dans le projet de loi d’urgence sanitaire, nous avons protégé les entreprises locataires contre toute expulsion. Nous voulons aller plus loin et le Ministre de l’Economie s’emploie à parvenir à un accord dès la fin de la semaine sur le paiement des loyers. La solidarité nationale ne peut pas s’arrêter à la porte des bailleurs et les parlementaires de la majorité seront mobilisés pour que ces mesures aboutissent !

Enfin, la baisse de 10 milliards d’euros des impôts de production profitera majoritairement aux PME et ETI : le gain moyen pour les PME est estimé à plus de 13 000 euros par an.

Je mentionnais les salles de cinéma et les salles de spectacle.

 

Nous le savons, le monde de la culture est celui qui est le plus durement et le plus durablement impacté par la crise.

Les auteurs, les artistes, les créateurs nous aident pourtant à la surmonter. Jamais nous n’avons eu un tel appétit culturel, une telle soif d’évasion et d’émotions.

Dès le déconfinement, les Français avaient plébiscité leurs libraires de centre-ville. Monsieur le Premier Ministre, le Président de la République a dit clairement que les mesures de fermeture administrative de nos commerces seraient revues toutes les 2 semaines : la situation des librairies et des disquaires devra être examinée prioritairement. Nous ne pouvons, nous ne devons pas laisser le champ libre aux plateformes internationales face à l’intelligence et à la qualité de conseils de nos libraires et de nos disquaires ! Cela est vital pour nos auteurs, nos artistes et nos territoires.

Les distributeurs français de cinéma – face à la désertion des grandes productions américaines en particulier – avaient assumé les risques et programmé des films ambitieux – en témoigne le démarrage exceptionnel d’Adieu Les Cons (vaste programme aurait dit le général de Gaulle, qui plus est dans la période…).

Nos Opéras, nos musées, nos théâtres, nos salles de cinéma et de spectacle avaient adapté leurs jauges, déployé les protocoles sanitaires parmi les plus exigeants, adapté leurs horaires, inventé de nouvelles formes artistiques, retrouvé et renouvelé leurs publics.

Ces efforts inouïs que vous avez déployés ne seront pas vains.

Ce nouveau confinement est un crève-cœur. C’est un crève-cœur pour les publics, mais surtout pour des milliers de femmes et d’hommes pour qui tout s’arrête à nouveau, avec une brutalité inouïe. Des milliers d’artistes, d’auteurs, de créateurs menacés dans leurs conditions de vie même, pour les plus précaires d’entre eux…

Nous serons là pour eux, nous serons là pour qu’ils continuent à exercer leur métier, à créer parce que c’est aussi notre identité qui est en jeu.

Est-ce la culture seule qui nous sauvera ? Assurément non. Son manque sera rarement exprimé, mais il sera durement ressenti et appréhendé tout au long de la vie. Et nous devons être au rendez-vous pour la sauver.

Au printemps, le monde de la culture a bénéficié de plus de 5 milliards d’euros de mesures d’urgence, dont notamment près d’un milliard d’euros pour l’année blanche en faveur des intermittents du spectacle.

Lorsque les premières mesures de couvre-feu ont été mises en place avec l’arrivée de la seconde vague : nous avons renforcé les mécanismes de soutien à hauteur de 115 millions d’euros. 115 millions pour la musique, le théâtre, les intermittents qui ne sont pas pris en charge par d’autres dispositifs, le cinéma afin de soutenir tant les distributeurs que les exploitants.

La hausse de près de 5% du budget de la Culture, obtenue par Madame la Ministre, auxquels viennent s’ajouter les deux milliards d’euros du plan de relance, sont deux preuves manifestes d’un engagement inédit et massif. Et nous le savons, il devra s’inscrire dans la durée : là encore, les députés de la majorité seront au rendez-vous.

 

L’économie ne doit ni s’arrêter, ni s’effondrer.

Nous le savons, les plus touchés par la crise économique sont les jeunes. 700 000 d’entre eux arrivent chaque année sur le marché du travail. Ils ne seront pas une génération sacrifiée. Beaucoup d’entre eux arrivent sur le marché du travail désarmés et désemparés face à une situation dans laquelle beaucoup d’entreprises peinent déjà à conserver les emplois.

Notre pays peut être fier de sa jeunesse.

Plutôt que d’opposer les générations, plutôt que de dire « confinez les plus âgés ou soyez plus sévères avec les plus jeunes », comme si l’effort collectif ne devait reposer que sur quelques-uns, nous croyons à la force d’une société fraternelle. Cette génération que l’on caricature si souvent a démontré sa force, sa résilience et sa solidarité.

Parmi les plus de 300 000 personnes qui se sont spontanément portées volontaires dans la plateforme jeveuxaider.gouv.fr, 40% avaient moins de 30 ans. 58 000 jeunes en Service Civique ont transformé leur mission pour contribuer à l’effort national contre la pandémie.

Le plan « un jeune, une solution », ce sont des solutions concrètes pour soutenir leur insertion professionnelle durable avec des compensations de charges et des aides exceptionnelles pour recruter des alternants en contrat d’apprentissage ou de professionnalisation.

Notre jeunesse ne doit pas être entravée. Personne ne veut être une génération Covid qui serait synonyme de morosité, d’anxiété. Vivre avec le virus, c’est vivre et garder intact notre esprit de conquête. Barnanos disait : « C’est la fièvre de la jeunesse qui maintient le monde à température normale. Quand la jeunesse refroidit, le reste du monde claque des dents ». Nous ne claquerons pas des dents.

La crise ne peut pas nous conduire à renoncer, à nous assoupir, à nous engourdir. Face aux menaces que subit notre pays, face au terrorisme islamiste, la crise doit révéler partout la force qui est celle de notre pays.

Parce que nous sommes la France !