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Entretien à La Croix et KTO dans Face aux chrétiens : « La droite s’est rétrécie autour de la question identitaire »

 

Aurore Bergé était hier l’invitée de l’émission « Face aux chrétiens » animée par Dominique Gerbaud et coproduite par KTO. Elle répondait aux questions de Romain Mazenod (RCF), Alain Baron (Radio Notre-Dame) et Laurent de Boissieu (La Croix).

Comment expliquez-vous votre parcours politique, de Nicolas Sarkozy à Emmanuel Macron en passant par Alain Juppé?

Aurore Bergé: J’ai toujours été libérale. J’ai adhéré à l’UMP (devenue Les Républicains, NDLR) à sa création en 2002. La droite s’est progressivement rétrécie. Elle a arrêté d’embrasser des thématiques pourtant essentielles, notamment la question européenne, pour se limiter à la question identitaire. Elle a perdu des électeurs, des élus et des cadres qui ne se sont plus reconnus en elle. Fils spirituel de Jacques Barrot, Laurent Wauquiez a changé de colonne vertébrale. Il y a clairement un clivage entre conservateurs et libéraux. Emmanuel Macron développe l’idée de liberté. Il faut réussir dans notre pays cette révolution culturelle.

Êtes-vous favorable à la PMA pour les couples de femmes et les femmes seules ? Ce faisant, ne passerait-on pas de la médecine au droit à l’enfant?

Cette question sera traitée dans le cadre des états généraux de la révision des lois de bioéthique. À titre personnel, je suis favorable à l’ouverture de la PMA à l’ensemble des femmes. C’est un engagement présidentiel et un enjeu d’égalité des droits. J’entends bien qu’on changerait la philosophie d’un acte aujourd’hui réservé aux couples hétérosexuels incapables de procréer alors que, normalement, ils le devraient. Mais je considère qu’une femme, qu’elle soit hétérosexuelle ou homosexuelle, a une légitimité à pouvoir accueillir un enfant.

Un homme n’aurait-il pas, alors, la même « légitimité »?

Il y a l’adoption, même si c’est difficile. Si la question sous-entendue est celle de la GPA, c’est extraordinairement différent: la PMA n’engage que la femme concernée, qui s’impose un acte médical, alors que la GPA l’impose à un tiers dont on utilise le corps dans une relation commercialisée. Comme le président de la République, j’y suis complètement opposée. En aucun cas elle ne sera ouverte.

Une étude du Trésor public montre que les réformes fiscales en cours profiteront d’abord aux catégories populaires, mais également aux plus aisés, avec la réforme de l’ISF. Cela ne vient-il pas justifier l’idée d’un «président des riches»?

C’est une caricature. Les Français entendent « cadeau fait aux riches », car il y a une charge symbolique du remplacement de l’ISF par un « impôt sur la fortune immobilière ». Mais ce n’est pas le cas : c’est un choix économique, que j’assume, de supprimer un impôt inefficace et d’espérer le maintien ou le retour de ceux qui considèrent que l’impôt est confiscatoire. Notre objectif, ce n’est pas que ceux qui ont le plus gagnent plus encore. Notre objectif, c’est que ceux qui ont le plus investissent dans le pays. Si on veut que nos entreprises grandissent, il y faut du capital disponible pour investir et créer de l’emploi.

Revoir l’interview sur KTO : http://www.ktotv.com/emissions/eclairages/debats-et-actualite/face-aux-chretiens