




Le travail législatif ne s’arrête pas aujourd’hui. L’imprescriptibilité reviendra en débat, j’en suis certaine.

« En s’attaquant à nos enfants, vulnérables par nature, les agresseurs le savent : ils ciblent des victimes pour qui il est impossible de parler. Une impossibilité que les bourreaux exploitent à leur avantage.
Mais si un enfant ne verbalise pas forcément, il peut quand même s’exprimer. Il envoie des signaux que nous, adultes, devons savoir décrypter : troubles du comportement, du sommeil, de l’alimentation…
C’est pourquoi je défends la formation obligatoire à la détection des abus sexuels pour tous les professionnels en contact avec l’enfance pour leur donner les clés pour apprendre à voir, à entendre, à détecter, à comprendre le plus tôt possible.
Mais cela ne s’arrête pas là. Lorsque l’enfant devenu adulte trouve enfin le courage de parler, il se heurte à un nouveau mur. La justice lui répond « prescription ». Ce mot pudique pour dire « non, c’est trop tard ».
C’est pourquoi je suis favorable à l’imprescriptibilité en matière civile des viols commis sur des mineurs et de leur permettre, ainsi, d’obtenir réparation.
Nous devons aussi ouvrir les yeux sur la réalité des violences faites aux femmes qui ne se résument pas à des coups. Non, la mécanique est plus insidieuse, c’est le contrôle coercitif.
Il surveille vos allées et venues, il exige des comptes sur vos horaires, il inonde votre téléphone de messages, il multiplie les appels sur votre lieu de travail. Il trie vos relations, il les filtre, il en efface. Il décide avec qui vous pouvez parler, où vous pouvez aller, ce que vous pouvez porter. Il vous isole, vous coupe du monde, de votre famille, de vos amis, de tous ceux qui pourraient être un refuge. Il contrôle vos finances, il vous rend dépendante.
Et au bout du chemin, il ne reste plus que lui. Le piège s’est refermé. C’est alors que la violence physique ou sexuelle trouve tout l’espace pour se déployer.
La France ne peut plus ignorer cette mécanique implacable, cette stratégie qui broie les femmes et laisse les bourreaux impunis.
Nous avons le pouvoir d’agir. Nous avons le devoir d’agir.”